Semaine du 10 au 16 janvier 2022

Aération dans les écoles

À Genève, c'est la rentrée des classes après quinze jours de vacances pour les fêtes de fin d'année. Si la Tribune de Genève laisse complaisamment la parole à un groupe de parents qui réclame l'abandon des masques à l'école, on n'a pas entendu les autorités politiques ou sanitaires prendre des mesures pour améliorer la qualité de l'air dans les écoles.

Pourtant, le laboratoire public suisse d'étude des matériaux, l'EMPA, a conduit une étude dans des classes du canton des Grisons. Il en ressort que la concentration de CO2 (qui mesure le renouvellement de l'air dans une pièce fermée) est très élevée dans les salles de classe (parfois plus de 2000 parties par million alors que les taux confortables sont entre 600 et 800ppm. L'étude montre également une corrélation entre le taux de CO2 et les infections au coronavirus (Antoine Flahaut sur Twitter).

Qu'aucune mesure de sécurisation ne soit prise en fonction de ces résultats expérimentaux (qui sont loin d'être isolés, on les mentionne ici parce qu'ils ont été réalisés en Suisse et pourraient donc être facilement accessibles aux administrations cantonales) montre que l'action des autorités n'est pas, comme elles le prétendent, guidée par une approche scientifique de la protection de la santé des populations, mais par la nécessité de maintenir à n'importe quel prix les infrastructures de la production capitaliste, parmi lesquelles l'école joue un rôle majeur.

Isolements et quarantaines abrégées, voire supprimées

Dans le même sens du maintien à n'importe quel prix des infrastructures de la production capitaliste, la vitesse fulgurante de propagation du nouveau variant oblige les autorités sanitaires à abréger les mesures d'isolement et de quarantaine.

Au moment d'annoncer ces mesures allégées, la médecin cantonale de Genève reprend le cadrage du pari, abondamment utilisé par le président de la République française: «C’est un risque pris et assumé: nous savons qu’une partie des personnes positives retournant sur leur lieu de travail au sixième jour seront encore contagieuses. C’est aussi la raison pour laquelle les mesures de protection doivent être appliquées avec encore et toujours grande rigueur.» Tribune de Genève

On peut se demande par qui le risque est assumé exactement: par la médecin cantonale ou par les équipes soignantes mal rémunérées? par les autorités politiques ou par les personnes immunodéprimées?

Silence sur le COVID long

Un généraliste zurichois s'étonne que les autorités politiques ne mentionnent jamais le risque de COVID long. Il relève qu'aucune mesure épidémiologique (registre centralisé, déclaration obligatoire) permettant de mesurer la prévalence de cette affection n'est mise en place. Comme les maladies du travail, le COVID long est un non sujet médiatique et politique: jamais un reportage sur le cancer de la plèvre provoqué par l'exposition à l'amiante, sur le syndrôme du canal carpien provoqué par les tâches manuelles répétitives... Le COVID long risque bien de rejoindre ces maladies dans la catégorie des conséquences occultées du capitalisme. Il faut dire que la mise en évidence des cas de COVID long viendrait nuancer le récit du caractère peu dangereux du variant en circulation actuellement.

«Je suis toujours autant étonné de ne presque jamais entendre le mot Covid long prononcé par un conseiller fédéral. [...] Une chose est sûre: le nombre de lits occupés aux soins intensifs ne permet pas de dire à quel point nous maîtrisons la pandémie. En effet, de nombreuses personnes atteintes du syndrome de Covid long n’ont pas du tout été hospitalisées et n’ont jamais eu besoin d’un lit aux soins intensifs. [...] Chaque effet secondaire de vaccin peut et doit être déclaré à Swissmedic. Malgré des interventions politiques, il n’existe pas de centre national de déclarations où nous, médecins de famille, pourrions déclarer nos cas de Covid long. C’est pourquoi nous pouvons uniquement estimer l’importance du problème sur la base de notre propre expérience. Si nous pouvions déclarer ces cas à la Confédération, directement en ligne, ces données seraient disponibles pour tous en temps réel et donneraient des indications précoces sur la fréquence, ou sur la qualité de la protection contre le Covid long par exemple, grâce à la vaccination ou à la guérison. Et la population et les autorités percevraient mieux la pertinence du Covid long.»

Tribune de Genève

Vague Omicron aux États-Unis et en France

Aux États-Unis, les élèves quittent les écoles pour protester contre l'insécurité sanitaires dans laquelle on les force à étudier rapporte le magazine Vice et ABC News. En France, la morgue du ministre de l'éducation a provoqué une grève d'ampleur dans l'éducation nationale: le ministre a en effet communiqué les mesures prises pour la rentrée des classes (4 janvier) le dimanche précédent cette rentrée, dans une interview au quotidien Le Parisien, interview accessible aux seuls abonnés du journal. Les mesures ont été communiquées par la voie hiérarchique après leur publication dans la presse. Cette marque de mépris a convaincu les syndicats d'appeler à la grève.

Dans le même temps, l'organisme public états-unien chargé de la lutte contre les épidémie refuse d'appeler à un usage généralisé des masques FFP2. Sur les réseaux sociaux, de nombreux médecins détournent l'acronyme de cette organisme (CDC) en Centre for dissemination of covid.