Semaine du 7 au 13 février 2022

Alors que la fin des mesures de limitation de la transmission du virus s'annonce, les éléments statistiques s'accumulent qui montrent le caractère socialement déterminé des conséquences de la maladie. Matthias Egger, ancien président de la Taskforce sanitaire parlait cette semaine d'un «virus de classe». Les premiers chiffres publiés en Suisse sur l'incidence du covid long sont proprement saisissants puisque ce ne serait pas moins d'un quart des personnes contaminées qui développeraient des symptômes six mois après leur infection. Malgré ces éléments peu engageants, les médias jouent à fond la stratégie du Conseil fédéral. Ainsi le pure player Heidi.news, financé par une fondation genevoise, a décidé que la semaine prochaine serait le début du tant attendu «Monde d'après». Monde d'après ou pas, le suivi se poursuivra dimanche prochain!

Au chapitre des mouvements sociaux, la semaine a été marquée par la manifestation Zurich Nazifrei dont l'appel résume remarquablement la situation actuelle sur le plan politique (voir ci-dessous).

On inaugure une rubrique Too long; didn't read en fin de suivi. Elle déborde du format des brèves et rassemble des éléments collectés sur plusieurs semaines. Cette semaine il est question de conspirationnisme.

Virus de classe

Une étude met en lumière qu'en Suisse le Covid a tué davantage de personnes étrangères. « Chez les citoyens suisses âgés de 65 à 74 ans, l'augmentation des décès en 2020 par rapport à 2019 a été de 2,2%, alors qu'elle était de 20,9% chez les personnes étrangères du même âge. (...) Le profil socio-économique des personnes décédées du Covid-19 reste un grand inconnu de la crise sanitaire. Cette étude apporte des éléments de réponse précieux. Les auteurs n’ont pas cherché à expliquer l’origine de cette différence de mortalité, mais statistiquement, la population étrangère est plus souvent confrontée à des situations de précarité — logements plus petits, emplois sans possibilité de télétravail, dépendance des transports publics et difficultés financières — et a donc été plus exposée au virus durant la crise. Ces personnes sont également plus touchées par des facteurs favorisant des évolutions graves du Covid-19, comme le diabète ou l’obésité. Covid, un virus de classe? » expose Heidi.news

Par manque de données statistiques sur les personnes vulnérables, un auteur de cette étude, Tino Plümecke, sociologue à l'Université de Fribourg-en-Brisgau, explique que le « groupe des sans passeport suisse est une catégorie imprécise». 20 minutes rapporte qu'il pose aussi la question de savoir comment les «discriminations structurelles sur le marché du travail et du logement se reflètent dans ces chiffres. De nombreuses études ont en effet démontré que les discriminations quotidiennes peuvent avoir un impact sur la santé. Et les personnes socialement défavorisées souffrent plus souvent que la moyenne de maux chroniques comme le diabète ou l’obésité qui constituent des facteurs qui favorisent les évolutions graves de Covid-19.»

L'ancien chef de la Taskforce et président du Conseil national de la recherche du Fonds national suisse (FNS) Matthias Egger «a étudié le lien entre statut socio-économique et risque d’être atteint du Covid-19 (...) Son constat: c’est «un virus de classe», car les personnes pauvres y sont beaucoup plus exposées. Ainsi, parmi les 10% des plus pauvres vivant en Suisse, deux fois plus de personnes infectées que parmi les 10% les plus riches ont dû être traitées aux soins intensifs. (...)»

«Notre étude a pu clairement montrer que les personnes défavorisées du point de vue socio-économique sont plus souvent et plus violemment touchées par le Covid-19 et en meurent donc plus souvent», note Matthias Egger. Le scientifique estime que les autorités n’ont pas su protéger ces personnes à temps et déplore qu’il n’y ait pas eu d’efforts plus importants de manière proactive de leur part. Selon lui, il était prévisible dès le début de la pandémie que les migrants seraient plus souvent gravement atteints que le reste de la population. «Outre les personnes âgées et pré-malades, l’accent aurait dû être mis sur les personnes moins bien loties sur le plan socio-économique».

Virus et fascisme

L'appel à manifester samedi 12 février à Zurich posait très clairement et en peu de mots quelle est la situation politique actuelle:

« Les extrémistes de droite sont impliqués dans le mouvement contre les mesures depuis le début. Ils ont continuellement participé aux manifestations et ont diffusé leur propagande inhumaine au sein des masses diffuses d’opposants* aux mesures. C’est ici, entre les mythes de la vaccination, le nationalisme, l’ésotérisme brun et le langage de la "sélection naturelle", qu’ils parviennent à faire passer leurs positions inhumaines pour des "opinions" socialement acceptables.

» Ils osent maintenant se placer ouvertement à la tête de ce mouvement. Ce qui s’est passé à Berne s’est produit exactement sous la même forme dans d’autres villes européennes. Partout, il est évident que des groupes d’extrême droite se sont mêlés de manière stratégique au chaos des discussions sur l’"état d’urgence" pandémique et au mouvement diffus contre les mesures, qu’ils se sont mis en réseau avec succès et qu’ils parviennent désormais à en prendre la tête avec détermination. Comme si cela ne suffisait pas, ces organisations fascistes sont accueillies par une grande partie de ce mouvement de masse.»

Compter les mort.exs

Une étude analysant les décès sur plus de 100 ans, en Suisse, en Suède et en Espagne conclut que «la pandémie a entraîné la deuxième plus grande catastrophe en termes de mortalité due à une infection virale depuis plus de 100 ans dans (les trois pays), juste après la pandémie de grippe de 1918». L'excès relatif de décès en 2020 est estimé à 12,5 % pour la Suisse. Les auteur-tricexs ajoutent aussi : «Si l'on regarde au-delà des 3 pays étudiés, les autres pays européens montrent que la surmortalité en 2020 n'était pas inévitable. Par exemple, la Finlande, la Norvège et le Danemark n'ont pas signalé de surmortalité en 2020. Les raisons exactes de ces différences doivent encore être étudiées, non seulement pour 2020 (...). Cependant, le type, la durée et la force des interventions gouvernementales, de santé publique et de contrôle direct des infections, ainsi que des facteurs écologiques, géographiques et culturels, pourraient avoir joué un rôle (...) . Seul le temps nous dira quel sera l'effet à long terme de la pandémie de COVID-19.» (notre traduction)

Antoine Flahaut note sur Twitter: « On avait l’impression d’être sur une baisse régulière de la mortalité avec la succession des trois dernières vagues de #COVID19. Il n’en est rien avec la vague d’Omicron qui voit la mortalité repartir à la hausse dans le monde depuis janvier 2022. »

Incidence du covid long, des chiffres stupéfiants

«Sur 100 malades du Covid-19, 25 ne sont pas guéris six mois après l’infection au Sars-CoV-2 et trois souffrent encore de symptômes graves», a relevé Milo Puhan, directeur de l'Institut d'épidémiologie, de biostatistique et de prévention de l'Université de Zurich. Présentés mardi 8 février à Berne, les résultats préliminaires d’une étude menée à Zurich suggèrent que la Suisse fait face à un grand nombre de Covid longs. (...) Au bout d’un an, neuf des 25 personnes touchées par le Covid long se rétablissent, tandis que seize patients conservent des symptômes. » On trouve un résumé de l'étude ici et l'étude elle-même en accès libre ici.

On rappelle qu’Alain Berset, conseiller fédéral en charge de la santé, a refusé la création d'un registre pour les patientexs atteintexs de Covid long en Suisse. Et ça tergiverse encore à l’Office fédéral de la santé publique.

Ces chiffres sont absolument stupéfiants dans la mesure où, à l'heure actuelle, aucune donnée ne permet de penser que l'incidence des Covid longs sera moindre avec Omicron qu'avec les autres variants, même si l'étude montre que les patient.exs ayant été hospitalisé.exs semblent plus souvent touchés par des séquelles durables. Or, ces trois derniers mois, environ 163'000 contaminations ont été vérifiées en laboratoire (plus que pendant les deux ans passés). Si on retient qu'un quart des personnes contaminées ne sont pas guéries six mois après leur contamination, cela représente environ 40'000 qui passeront le printemps avec des difficultés respiratoires, une fatigue, des difficultés de concentration, etc. L'expérience libertarienne du patronat suisse ne sera pas sans conséquences à moyen terme.

Transmission par aérosols et utilité des masques

La transmission par aérosols et l'utilité des masques FFP2 est toujours discutée. Un groupe de scientifiques a dû, deux ans après le début de la pandémie, s'associer pour une tribune rappelant les faits incontestables en l'état sur ces deux questions.

C'est qu'en France, le Haut Conseil de santé publique refuse encore l'évidence d'une protection supérieure des masques FFP2. Il le fait dans une note parue au début du mois et fondée, selon le collectif Rogue ESR sur une bibliographie incomplète et mal évaluée. Le collectif d'enseignant.exs-chercheur.exs s'interroge sur les raisons de ce déni de la connaissance scientifique.

Nous avions relevé en Suisse un déni du même genre puisqu'une étude de l'EMPA, un laboratoire d'essai fédéral, montrait très clairement le lien entre aération et contaminations dans les salles de classe (tests en situation réelle dans les écoles des Grisons). Or, à ce jour, aucune mesure n'est prise pour assurer le renouvellement de l'air dans les écoles dont le rôle dans le diffusion du virus est toujours niée par les autorités politiques.

En parallèle de l'utilité des masques FFP2, la question de la qualité de l'air en intérieur est posée par l'épidémiologiste Antoine Flahaut qui rappelle cette semaine encore, comme il le fait depuis des mois, que « si l’on veut cohabiter sans risque avec le virus, « l’une des clés est de s’atteler à l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, domaine sur lequel les Européens n’ont pas encore ébauché la moindre réflexion construite », [...]. Pourtant, avec près de 17.000 classes fermées pour cause de Covid [en France] et alors que le calendrier de levée des restrictions se poursuit, « il faut que l’on assainisse en urgence l’air intérieur, où l’on passe 90 % de notre temps et où se produisent 99 % des contaminations »».

Critiques du laisser-faire du gouvernement anglais

Le Guardian relaie la parole de scientifiques critiques de la levée des mesures sanitaires en Angleterre et de la narration que les variants deviennent moins dangereux. Selon l'épidémiologiste Mark Woolhouse, professeur à l'Université d'Édimbourg : «Le variant Omicron n'est pas issu du variant Delta. Elle provient d'une partie complètement différente de l'arbre généalogique du virus. Et comme nous ne savons pas d'où vient une nouvelle variante dans l'arbre généalogique du virus, nous ne pouvons pas savoir à quel point elle peut être pathogène. Elle pourrait être moins pathogène, mais elle pourrait tout aussi bien être plus pathogène».

Le virologue Lawrence Young, professeur à l'université de Warwick souligne pour sa part : «Les gens semblent penser que le virus a connu une évolution linéaire d'Alpha à Beta à Delta à Omicron. (...) Mais ce n'est tout simplement pas le cas. L'idée que les variants du virus vont continuer à s'atténuer est fausse. Une nouvelle variante pourrait s'avérer encore plus pathogène que la variante Delta, par exemple.»

David Nabarro, envoyé spécial de l'OMS pour le Covid-19, affirme : «Il y aura d'autres variants après Omicron et si elles sont plus transmissibles, ils domineront. En outre, ils peuvent provoquer des schémas différents de maladie, en d'autres termes, ils peuvent s'avérer plus mortels ou avoir des conséquences à plus long terme. (...) Il serait prudent d'encourager les gens à se protéger et à protéger les autres de manière cohérente. Une approche qui ne le ferait pas serait un pari aux conséquences potentiellement graves. Je ne vois pas les avantages d'un tel pari. La pandémie a encore un long chemin à parcourir et - comme c'est le cas depuis le début - les gens et leurs dirigeants influenceront son impact à long terme par les mesures qu'ils prennent maintenant.»

Le journal poursuit avec le point de vue des personnes immunodeprimées :

«Fiona Loud, directrice politique de Kidney Care UK, a exhorté le gouvernement à montrer son engagement envers les 500 000 personnes immunodéprimées de la nation en partageant leurs plans, et les preuves de leur prise de décision : "Abandonner toutes les mesures sans traitements préventifs, sans tests gratuits et sans obligation de ne pas exposer les personnes immunodéprimées au Covid-19 risque inutilement de faire de nous des citoyens de seconde zone." (...) Ceinwen Giles, dont l'immunité est réduite suite à un traitement contre le cancer, a déclaré que l'annonce de Johnson lui a donné un sentiment d'exclusion. "Il semble y avoir la perception que, d'une certaine manière, les personnes immunodéprimées sont très vieilles et très malades et que cela n'a pas vraiment d'importance. Si vous êtes vieux et malade, vous comptez quand même. Cela signifie simplement qu'on nous exclut."

Buzznotions - monde d'après et retour à la normale

Cette semaine des journaux proposent des recadrages et reprenne des buzzwords du début de la pandémie.

Pour Heidi News le #monde d’après commencera la semaine prochaine lorsque le Conseil fédéral annoncera la fin des mesures sanitaires. Le journal propose « d’explorer ce que sera le monde d’après» et de « tout faire pour comprendre où [la pandémie] nous a menés. A suivre donc le monde version Heidi.news.

La Tribune de Genève, elle, thématise le (non) #retour à la normale et donne la parole à un psychologue clinicien: « La situation actuelle contradictoire peut être perturbante pour les personnes anxieuses, met en garde Joël Billieux, professeur de psychologie clinique à l’UNIL. Le gouvernement annonce la levée de la plupart des mesures sanitaires alors que le nombre de cas reste très élevé! Certains vont s’en accommoder mais d’autres vont être d’autant plus troublés par cette situation qui peut leur apparaître incompréhensible.» ; «Les psychologues sont actuellement surchargés et n’arrivent plus à absorber la demande. Il est devenu très difficile pour celles et ceux en souffrance psychologique d’obtenir un rendez-vous. Je suis de ceux qui pensent que la santé mentale est une des «grandes oubliées» de la crise.»

Témoignages de travailleur.euse.x.s en première ligne

Nous publions ici la traduction d'extraits de témoignages de professionnellexs de la santé en Australie sur leurs conditions de travail et l'impact des politiques néolibérales sur l'hôpital et les soins à la population en janvier 2022. Ces témoignages sont initialement parus sur abc.net. Télécharger les témoignages au format PDF.

Too long, don't read: Complots et conspirations, penser la pandémie

Dans son livre sur le massacre de Charonne (dont on commémorait les soixante ans cette semaine), l'historien Alain Dewerpe note, au début d'un chapitre intitulé «Les raisons du pouvoir», que «Contrairement à d'autres tueries, qui ont fait l'objet d'une décision raisonnée et explicite, organisée et planifiée, le massacre de Charonne n'a pas été prévu ou calculé. [...] Probablement comme le plus grand nombre des massacres: ils arrivent. De ce point de vue, ceux-ci sont historiographiquement plus intéressants parce que la question qui se pose est alors: comment ce genre d'événement peut-il «arriver»? C'est que, s'il n'y a pas résolution préalable, volonté exécutoire, décision stratégique, il y a suffisamment de raisons pour que ceux qui en sont les mandants - et les responsables politiques ultimes - agissent de telle sorte que le massacre «arrive». Et, en définitive, ce sont les raisons de ceux qui ont le pouvoir que cela «arrive» dont il faut rendre compte ici.» (p. 228)

La question du complot ou de la conspiration, comme c'est toujours le cas face à des événements historiques majeurs, se pose avec force dans le cas de la pandémie que nous traversons. S'il est inutile de nier qu'il existe des complots et des conspirations, il est pareillement inutile de faire de cette forme de stratégie l'unique ressort de ce qui arrive. Dewerpe estime que les événements qui arrivent sans avoir fait l'objet d'une décision explicite et raisonnée sont les plus intéressants pour les historien.nexs. On pourrait soutenir qu'ils sont aussi les plus intéressants pour les militant.exs politiques. Car, en somme, si la pandémie avait été planifiée par Bill Gates, le patron de Pfizer et Xi Jinping, quelle autre issue politique s'offrirait que l'intervention d'un super-juge apte à redresser les torts en dernier recours.

L'Etat italien a résolu la situation révolutionnaire qui a marqué les années 1960 en institutionnalisant l'idée d'une lutte totale contre les complots, créant des super-juges dotés de super-pouvoirs judiciaires. Ce faisant, il a fait basculer tout un pan du débat politique dans le délire paranoïaque et rendus invisibles les véritables complots (réseau Gladio, tentative de coup d'Etat de Valerio Borghese, attentats de Piazza Fontana); mais surtout, il a empêché la résolution de problèmes sociaux majeurs liés au développement économique du pays.

Un Manifeste conspirationniste est paru, sous la plume, semble-t-il, d'un des idéologues de la deuxième vaguelette situationniste. Cet ouvrage confus, érigeant justement la conspiration au rang d'explication générale et de moteur politique, s'inscrit dans la ligne des élucubrations de certains proches de Guy Debord sur le SIDA. Mieux vaudrait passer sous silence ces tissus d'âneries, mais la séduction qu'ont opéré par le passé et qu'opèrent encore ces groupuscules oblige à repérer quelques contre-feux.

Le philosophe Mathieu Potte-Bonneville a proposé de ce livre une lecture intéressante cherchant comment y sont représentés les mort.exs.

La position radicale-chic du Manifeste conspirationniste a été critiquée en quelque sorte par anticipation dans un long texte d'un groupe grec dont on peut lire une traduction en français ici et une version anglaise là. Plus largement, il est question dans ce texte grec du déni de la réalité qui touche des groupes militants dont les privilèges en matière de santé (jeunesse relative, fort capital social et culturel). Dans le même sens, la revue Jef Klak propose la traduction d'un texte de Mia Mingus qui «invite à penser la pandémie selon une perspective anti-validiste» Lire l'original en anglais. Plusieurs textes paru sur le site paris-luttes.info soulignent les rapports ambigus que nos groupes politiques peuvent entretenir, dans les représentations qu'ils s'en font et dans les pratiques, avec le risque sanitaire individuel et collectif: ici et .

Ces textes semblent d'autant plus importants que le cadrage de la fin de la pandémie - ou du moins de la fin de la phase de risque - prend désormais une place majeure dans les discours des autorités sanitaires et politiques. Contrairement à une idée souvent reprise, ces textes montrent aussi que notre camp politique n'est pas sidéré ou sans réaction. Que nos positions ne soient pas publiées par Le Seuil et relayées par L'Express, le Nouvel Obs ou Reporterre, nous nous sommes fait une raison il y a bien longtemps. Cela ne nous empêche pas de les tenir.

A ce sujet et pour conclure, les contorsions de lundi.am au sujet de son maître à penser, le philosophe italien Giorgio Agamben. Ce dernier a participé le week-end dernier, en tant qu'orateur tête de gondole, à un colloque réunissant la fine fleur de l'extrême-droite opposée aux mesures de lutte contre l'épidémie: l'anesthésiste Louis Fouché, le suisse Jean-Dominique Michel qui s'était largement illustré au début de la pandémie ou encore Idriss Aberkane, un idéologue libertarien. On se souvient qu'au printemps 2020, lundi.am avait complaisamment publié plusieurs textes d'Agamben niant jusqu'à l'existence de l'épidémie. Nous avions critiqué cette complaisance. Aujourd'hui, face à l'évidence que la langue contournée du philosophe italien ne peut plus dissimuler, lundi.am propose une critique gênée de la manifestation à laquelle il a participé, sans toutefois critique celui qui est toujours considéré comme «l’un des plus importants et incontournables philosophes contemporains».