Semaine du 16 au 22 mai 2022

Alors que plusieurs pays d'Amérique du Sud voient le nombre de contaminations augmenter à nouveau et que l'Australie connaît une flambée épidémique depuis le début du mois de mai, la météo qui règne sur l'Europe occidentale permet de conserver des taux de contamination relativement faibles ou du moins des tendances décroissantes. Une preuve de plus que de simples mesures d'aération permettent de contrôler les contaminations. Chaque jour qui passe sans que des mesures d'assainissement de l'air intérieur soient ébauchées pour cet automne est un jour de perdu pour notre vie sociale. On souhaiterait que les candidat.es aux élections cantonales de 2023 choisi.es ce week-end par les partis de gauche institutionnelle se prononcent nettement en faveur de mesures rationnelles, mais, après deux ans et demi de défaillance des autorités et des administrations, on sait qu'il n'y a pas grand chose à attendre des pouvoirs publics.

Comme le relève Jacques Rancière dans l'extrait de sa conférence que nous publions cette semaine: «l’obéissance a pris la forme d’une coopération distante qui a été provoquée non pas par la force d’un état d’exception et d’une idéologie salutiste mais bien plutôt par le sentiment de la défaillance de nos gouvernements et des limites de la capacité de l’institution médicale à faire face à la situation. Nous avons obéi à nos gouvernements en raison non de leur force mais de leur faiblesse.»

  • En attendant... la qualité de l'air à l'intérieur
  • Infections sans fin
  • 10% du total des malades, 50% des personnes hospitalisées
  • Covid long et indemnisations
  • Dissection du rapport fédéral d'évaluation (suite)
  • Suite de la conférence de Jacques Rancière

En attendant... la qualité de l'air à l'intérieur

Antoine Flahault sur Twitter n'en démord pas et continue d'appeler à améliorer la qualité de l'air en intérieur :

« La qualité de l’air intérieur: Les pouvoirs publics s’en moquent totalement, c’est un non sujet. Aucune mesure n’a été prise visant l’assainissement de l’air que nous respirons en lieux clos recevant du public. Combien de temps durera le silence des politiques sur ce sujet?»

«L’urgence semble aujourd’hui moins de réinstaurer le port du masque en France ou Suisse en pleine accalmie, mais:

  • de refonder une veille sanitaire fiable;
  • de favoriser l’approche “tester et traiter” pour les vulnérables;
  • de s’atteler à la ventilation des espaces clos.»

Dans le même sens, une tribune largement signée est parue ce dimanche dans la Pravda macronienne. On se doute que l'effet de ce (bon) texte sera proche du néant tant l'ubris des échéances électorales a pris le pas sur toute forme de réflexion politique.

Infections sans fin

Un article de la rédaction scientifique de la SonntagsZeitung dresse un bilan optimiste de la situation pandémique actuelle. Les hôpitaux ne sont plus encombrés et on ne meurt plus du Covid, tous éléments qui vont dans le sens de la levée des mesures de lutte contre l'épidémie. Pourtant, malgré le ton optimiste de l'article, les chiffres indiqués sont effarants: on compterait depuis le début de la pandémie 8 millions de contaminations en Suisse dont plus de 10% de réinfections (le nombre de réinfections est, en l'état du système de suivi, impossible à calculer avec certitude).

Au milieu de l'article, le médecin interrogé glisse tout de même que: «Environ 10% de tous les malades souffrent encore, des mois ou des années après une infection de séquelles à long terme telles qu'une fatigue et un épuisement permanents, des difficultés respiratoires, des maux de tête, une toux, des troubles cognitifs et bien d'autres choses encore. Les symptômes de Covid long peuvent également apparaître après une maladie bénigne, mais ils sont généralement plus violents après des évolutions graves.»

Il faut un remarquable degré d'aveuglement pour tirer un constat optimiste sur une situation quand une pareille épée de Damoclès pèse sur 10% de la population totale d'un pays. Si la Suisse a connu 6 millions de contaminations uniques, cela signifie que 600'000 personnes (un peu plus que la population du canton de Genève) pourraient être touchées par des symptômes chroniques.

10% du total des malades, 50% des personnes hospitalisées

A Wuhan, selon le Guardian, 50% des personnes ayant été hospitalisées en raison du Covid souffrent encore de symptômes, y compris deux ans après leur infection. L'étude, parue dans Lancet respiratory Medicine, constitue une première approximation limitée méthodologiquement (notamment parce qu'on ne connaît pas l'état de santé des patientexs avant leur infection). Elle n'en reste pas moins effrayante.

Covid long et indemnisations

La Tribune de Genève publie un témoignage : lire ici en PDF : d'une personne atteinte du Covid long. Elle est classiquement prise dans un conflit sur l'indemnisation de son impossibilité de travailler: d'abord son médecin traitant établit un arrêt de travail, puis le médecin conseil de l'assureur perte de gain conteste l'incapacité de travail et réclame un poste adapté que l'employeur ne peut fournir. La personne est licenciée faut de place adaptée, mais, comme elle bénéficie d'un arrêt de travail, l'assurance chômage refuse de l'indemniser.

Ce scénario est appelé, au vu des chiffres indiqué ci-dessus et de l'avarice légendaire des assureurs suisses, à se reproduire des centaine de milliers de fois dans les trois à quatre ans à venir. On peut légitimement se demander pourquoi cette question n'émerge pas dès maintenant sur le plan politique? Pourquoi des forces politiques de gauche ne cherchent-elles pas à regrouper les personnes victimes pour ébaucher des réponses collectives à ces situations? Faudra-t-il laisser, comme ce fut la cas avec les luttes autour de l'assurance maladie dans les années 1990-2000, des opportunistes d'extrême-droite à la Mauro Poggia construire leur carrière politique dans les défense de ces malades?

Dissection du rapport fédéral d'évaluation (suite)

Dans le suivi de la semaine du 25 avril au premier mai, nous avions commencé la lecture du rapport intitulé «Évaluation de la gestion de la crise COVID-19 jusqu’à l’été 2021» évaluant les décisions des autorités sanitaires et politiques pendant la première année et demi de pandémie. Ce rapport est issu d'un mandat confié par l'Office fédéral de la santé dès octobre 2020 à différentes instances.

Nous avions souligné il y a un mois la proximité des recommandations du rapport avec les positions de la Déclaration de Great Barrington un texte marqué par une approche libertarienne de la santé publique et dont les conclusions sont aujourd'hui largement suivie par la plupart des gouvernements des pays riches qui laissent aller les contaminations sans plus aucune mesure de lutte.

Nous voulons revenir cette semaine sur un point particulier du rapport d'évaluation: son recours au sondage d'opinion et l'usage qui est fait des résultats de ce sondage.

Un des éléments sur lequel est fondé le rapport d'évaluation est un sondage d'opinion réalisé selon la méthode des quotas, la même méthode que celle employée pour les sondages électoraux ou les sondages de marketing. En l'occurrence, environ 37'000 personnes ont été sollicitées pour répondre à un questionnaire en ligne sur la pandémie. 15'000 ont répondu. Elles sont représentatives de la population suisse en termes d'âge, de région linguistique, de sexe et de niveau de formation. Ces personnes ont répondu au questionnaire entre le 7 janvier et le 4 février 2021, c'est-à-dire dans la période de décrue de la vague la plus meurtrière de l'épidémie, celle de l'automne 2020 (deuxième vague).

La méthode du sondage d'opinion est sans doute parmi les moins intéressantes qui se puissent imaginer en sciences sociales. Le traitement automatisé des réponses implique une forte standardisation des réponses et l'impossibilité pour les personnes interrogées d'apporter des nuances. Qu'il s'agisse d'un questionnaire en ligne ou d'un sondage téléphonique, il n'est pas possible de demander des précisions sur les questions ou sur les réponses proposées. Bref, de nombreuses critiques peuvent être adressées à cette technique trop fréquemment employée comme la meilleure manière de savoir ce que pensent «les gens». Comme on le constate dans le cas des sondages électoraux, cette méthode donne des résultats qui semblent avoir beaucoup plus de lien avec les présupposés des personnes qui rédigent des questionnaires qu'avec la réalité des votes...

Bref, c'est donc par une méthode largement critiquable que les auteurs du rapport ont choisi d'aborder les «effets sur la population» (Auswirkungen auf die Bevölkerung), effets de de la pandémie et des mesures de lutte contre celle-ci. Une première question montre bien l'état d'esprit des évaluateurs et les problèmes de méthode posés par le sondage. La question était: «D'après vous, votre état de santé physique a-t-il changé à cause de la pandémie de Covid ?» S'agissant de santé publique, ne serait-il pas plus judicieux de s'appuyer sur des statistiques comme la surmortalité, la durée des hospitalisation, la gravité de l'état des malades hospitalisé.exs, etc. plutôt que sur les déclarations subjectives à un moment précis d'un échantillon représentatif de la population? Poser une telle question à un échantillon représentatif, c'est faire l'hypothèse implicite que les atteintes à la santé physique se sont réparties uniformément dans la population. Or il est absolument certain que ce n'est pas le cas et que la «représentativité» de l'échantillon va dissimuler le caractère inégalitaire de ces atteintes.

Par ailleurs, les auteurs du rapport retiennent des réponses les éléments qui conviennent à l'appui de leurs thèses. Une question posée était: «Pendant la crise, la Confédération et les cantons ont dû mettre en balance différents droits fondamentaux avec la protection de la santé. Comment ont-ils procédé à cette mise en balance de votre point de vue ?» A cette question, 61% de l'échantillon a répondu qu'un poids trop faible avait été donné à la protection de la santé et 18% que les mesures étaient équilibrées. Une large majorité soutenait donc les mesures prises et un peu plus de la moitié auraient souhaité des mesures de protection plus fortes (p. 21).

C'est pourtant l'inverse que les auteurs de l'évaluation soulignent en conclusion de l'analyse du sondage (p. 23): «Près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré que ces restrictions étaient très pénibles.» Cette réponse est issue d'une autre question dans laquelle on demandait à l'échantillon de classer les mesures de lutte contre l'épidémie en fonction de leur pénibilité: la restriction des contacts étant jugée très pénible par près de moitié des personnes ayant répondu. Que la limitation des contacts soit une mesure pénible, cela ne surprend personne, mais cette réponse devrait être fortement nuancée par la proportion de personnes estimant les mesures équilibrées par rapport à l'objectif: l'appréciation de la pénibilité d'une mesure en tant que telle n'a pas vraiment de sens dans un contexte où il s'agit de préserver la santé publique.

« Nous n’avons pas été écraséexs par la puissance de l’état d’exception, mais bien par notre impuissance à imaginer d’autres moyens que ceux de nos gouvernements pour répondre à une situation exceptionnelle.»

suite de la conférence de Jacques Rancière

_Les premières parties de la transcription de la conférence de Jacques Rancière Pandémie et (in)égalité qui a eu lieu le 4 avril dernier à Paris se trouve ici, ici et ici. La fin de la dernière partie se terminait ainsi «Le confinement, la grande mesure de la gestion de la pandémie, s'est imposée non comme mise en œuvre d'une volonté d'enfermement, mais par manque de toute autre forme de prévention, du fait de l'absence de masques, tests ou vaccins.» Voici la suite de la transcription :_

«Il reste que cette mesure [confinement] a bien été appliquée et qu’elle a bien eu deux conséquences massives. La première, c’est un isolement de fait des individus. Les individus ont été rendus incapable de mener leurs activités sociales ordinaires mais aussi de se réunir et d’agir en commun. C’est donc une dépendance accrue à l’égard des deux puissances qui s’exercent aujourd’hui, en séparant les individus et en privatisant les relations sociales, à savoir la puissance financière et la puissance étatique. La situation pandémique n’a pas seulement obligé les individus à rester chez eux, elle a aussi été - c’est la deuxième conséquence massive - une occasion pour renforcer les formes de dépendance qui s’exercent à distance et par la distance. On sait comment le télétravail y a trouvé une nouvelle occasion d’accroître sa double ressource. Premièrement, la soumission individus, privés des moyens de faire communauté, à une autorité lointaine. Deuxièmement, l’effacement des limites même du temps de travail. On sait que le télé-enseignement y a aussi affirmé sa vocation d’enseignement d’un certain avenir, celui de la transmission par l’outil informatique de contenus de savoirs élaborés par des commissions ou des agences ad hoc.

Cette situation exceptionnelle donc a été un laboratoire improvisé pour l’exercice d’un type de pouvoir renforcé de la triple autorité économique, étatique et scientifique sur les individus. Il reste que cette situation exceptionnelle est en un sens le résultat d’un bricolage qui s’est exercé lui-même selon la logique normale du paradigme sécuritaire et consensuel, sans témoigner de la mise en œuvre d’un paradigme de l’exception biopolitique. Demander aux gens de rester chez eux, ce n’est pas le meilleur moyen de les soumettre à un pouvoir d’exception. D’ordinaire, celui-ci s’exerce selon la forme inverse, à savoir lorsque la police d’état s’invite elle-même au domicile des individus.

Donc pour pouvoir qualifier le renforcement de la logique inégalitaire ordinaire d’intrusion d’un nouveau paradigme biopolitique, il a fallu s’appuyer moins sur la description des mécanismes de pouvoir mises en œuvre que sur les affirmation concernant ses effets sur les individus. Pour que le bio-pouvoir soit attesté, il fallait qu’il soit montré actif, non seulement dans les décisions du pouvoir mais dans les têtes de tous. On sait que c’est ça qui a été l’objet spécifique de la démonstration mené par Giorgio Agamben dans les divers articles qu’il a consacré à la pandémie. Le bio-pouvoir, selon lui, ce serait imposé en créant chez les individus une terreur panique et conduisant à l’abandon de toutes leurs relations sociales et à la soumission volontaire à une religion de la santé. Je cite deux petits passages dans un de ses articles rassemblés en un recueil : « nous pouvons appeler biosécurité un dispositif de gouvernement qui résulte de la conjonction entre la nouvelle religion de la santé et le pouvoir d’État avec son état d’exception. Notre société ne croit plus en rien d’autre que la vie nue. Il est évident que les Italiens sont disposés à sacrifier pratiquement tout, les conditions normales de vie, les rapports sociaux, le travail, les amitiés mêmes, etc. pour éviter une maladie qui, pour l’heure du moins, n’est pas statiquement si grave.»

Je n’ai pas qualité à répondre pour les Italiens pris à partis par leur compatriote. Néanmoins il me semble que cette description est assez loin de la réalité que nous avons vécue dans nos pays. Nous y avons guère été témoins de comportements de panique. Et plutôt qu’un abandon délibéré de toute relation sociale, nous avons constaté un effort pour les maintenir autant que la situation le permettait.

Le respect des conditions restrictives - qui a été très large et général – imposées par le gouvernement a été guidé tout autant par la crainte de compromettre la santé des autres que par un soucis personnel de sauvegarde. Et la prétendue «religion de la santé» a bien plutôt été la conscience de la situation critique des hôpitaux et du travail des soignants. Autrement dit, la manière dont la situation pandémique s’est emparée de nos cerveaux et a commandé nos soumissions à l’autorité étatique et médicale - qui sont des soumissions effectivement réelles- la manière dont ça s’est opéré est à la fois plus simple et plus subtile que ne le veulent les théoriciens du biopouvoir. C’est une manière d’obéir qui repose non sur la foi mais sur la défiance.

Je veux dire que l’obéissance a pris la forme d’une coopération distante qui a été provoquée non pas par la force d’un état d’exception et d’une idéologie salutiste mais bien plutôt par le sentiment de la défaillance de nos gouvernements et des limites de la capacité de l’institution médicale à faire face à la situation. Nous avons obéi à nos gouvernements en raison non de leur force mais de leur faiblesse. Nous l’avons fait avec le souci de ne pas aggraver le péril créé pour toutes et tous par cette faiblesse même. Autrement dit – et ici peut-être je rejoins le propos de Judith Butler - nous l’avons fait par le sentiment d’appartenir à une communauté à la fois plus large et plus profonde que celle que gère nos gouvernements. Nous l’avons fait aussi parce que nous avions le sentiment de n’avoir rien à proposer comme mesure alternative, aucun savoir ferme pour fonder une opposition pratique au dispositif étatique de traitement de la pandémie.

C’est pourquoi l’opposition globale à ce dispositif s’est trouvé réduite à argumenter non pas sur les mesures alternatives qui auraient pu être prises pour lutter contre la pandémie mais sur sa réalité pure et simple. Quand on a rien à opposer au traitement étatique d’une situation, il reste deux solutions. La première est de nier cette situation purement et simplement. La deuxième est de se déplacer vers un terrain plus facile, celui de l’analyse des causes de la situation et de ses effets. Et de fait, la littérature contestataire qui a accompagné le confinement a pris deux caractères essentiels. Premièrement, la recherche des causes structurelles de la situation pandémique à savoir les méfaits de l’anthropocène et du capitalocène. Deuxièmement, le développement de propositions pour le monde d’après sensé surgir à la fin du confinement.

Donc ce qui a fleuri pendant le confinement sous une forme intensifiée évidemment par le fait que tout le monde avait du temps libre pour, de parlé et d'écrits. Ce qui a fleuri pendant le confinement ce sont les deux types classiques de discours contestataires et, de manière habituelle, dans ce qu’on pense l’incapacité à rompre le cercle consensuel sécuritaire. Premièrement, la dénonciation des causes lointaines de la situation subie. Deuxièmement, l’énoncé de ce que le monde devrait être une fois qu’il aurait cessé d’être ce qu’il est. D’un côté, on remonte la chaîne des causes pour désigner le responsable de tous les maux. De l’autre, on déduit de cette démonstration des causes du mal, l’évidence que ça ne peut pas continuer comme ça et que ça va changer puisque ça doit changer. En bref, on oppose au gouvernement qui nous soumet à la loi de la nécessité la foie en une chaîne causale porteuse d’une nécessité plus nécessaire. C’est encore ce recours qui a accompagné l’impuissance à mettre en œuvre et même à concevoir des manières différentes de réagir à la situation pandémique.

Ce qui a été opposé à un pouvoir appuyé sur la double autorité institutionnelle et idéologique de la science, c’est – on peut dire - l’idéologie nue de la science, la veille croyance progressiste que le monde va changer quand la science a prouvé qu’il allait mal. Une croyance qui, je crois, n’est pas seulement une réponse au sentiment d’une impuissance mais qui entretien elle-même cette impuissance.

Je conclus brièvement, la réalité de la situation pandémique et des façons concrètes dont nous nous y sommes adaptés réfute – je crois – les grands modèles explicatifs adaptés à toute situation, donc à aucune en particulier. Nous n’avons pas été écrasés par la puissance de l’état d’exception, mais bien par notre impuissance à imaginer d’autres moyens que ceux de nos gouvernements pour répondre à une situation exceptionnelle. Et c’est bien là en un sens, le problème le plus préoccupant, à savoir que la réalité de la situation pandémique est bien loin des grands modèles du pouvoir d’exception. Mais du même coup, elle ne rend que plus sensible une impuissance accrue à penser et à construire un monde d’égaux capable d’affronter les puissances qui gouvernent le monde.